Les écoles privées au Maroc ont vraiment une haute idée de leur personnel enseignant. L’exemple nous vient de l’école la Prairie à Casablanca qui possède une section maternelle et un niveau primaire. Pour le poste d’enseignante stagiaire, N.Y, titulaire d’un bachelor en littérature anglaise, devra toucher un salaire très motivant…de 3.000 DH net par mois. Une somme même pas suffisante pour couvrir les frais de transport et de nourriture. En échange de ce pécule, la stagiaire taillable et corvéable à merci est tenue d’assurer une flopée de tâches en vue de son insertion professionnelle. Selon la convention signée entre les deux parties, cette formation est supposée être assurée grâce par l’employeur qui en prend en charge les frais pendant la durée du stage du 15 septembre 2014 au 30 juin 2015, soit une année scolaire entière ! Visiblement, c’est plus qu’un stage qui, selon la loi, ne doit pas dépasser 6 mois en milieu professionnel. Mais grâce à ce système illégal, l’école s’offre des professeurs sous-payés pendant au moins un exercice sous couvert de stage de formation.
Drôle de convention
Après une année de travail habillé en stage, la professeur, censée témoigner sa reconnaissance et montrer son bonheur, doit s’engager à «signer un contrat en qualité d’enseignante pour le compte de l’école» dont les promoteurs, soit dit en passant, font aussi dans l’immobilier. Et si la «stagiaire», du genre à ne pas aller jusqu’au bout, s’avise à arrêter cette supposée formation pour une raison ou une autre ? L’école se montre intraitable et exige de l'irrespectueuse de rembourser les frais que le patron prétend avoir engagé pour sa formation. Et dont le montant est fixé par ses soins à la bagatelle de 20.000 DH. En voilà une belle leçon de précision qui ressemble à une condition léonine imposée de manière unilatérale pour que la prof ne soit pas tentée d’aller vendre ses services ailleurs et qu’elle reste à la Prairie aux conditions financières des patrons dont ils lui ont déjà donné un avant-goût ! En revanche, selon le contenu de l’article V de cette drôle de convention, l’école a toute l'aptitude «de mettre fin à la formation de la stagiaire en cas de problème d’assiduité, de discipline ou dans le cas où il juge que (la candidate) ne remplit pas les conditions nécessaires à la formation». Autant dire, que «la stagiaire» à plein temps n’a aucun droit à faire valoir, elle a juste le droit de se la boucler et de trimer pour deux sous avec une épée de Damoclès sur la tête. Ce n’est pas de l’exploitation du personnel enseignant, l’employeur pour se défendre appellera ça de la gestion rigoureuse des ressources humaines. La Prairie ou la grande classe ! La meilleure c’est pour la fin puisque la prof en sursis ainsi renvoyée «ne pourra prétendre à aucune indemnité». Après l’avoir mise au piquet ?
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